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#38 Courrier - Situation des formateurs de la Croix-Rouge française et du secteur privé non lucratif

Dernière mise à jour : 23 mai 2023

Monsieur le Ministre,


Les périodes de crise révèlent souvent la vraie nature des Hommes et donc des sociétés en elles-mêmes. La pandémie qui nous a frappés avec une violence inouïe aura au moins eu le mérite de rappeler à toutes et tous le courage et la résilience d’un grand nombre de professions. La liste est longue, je pourrais les citer une à une. Elles ont acquis la reconnaissance éternelle de notre Nation. Pourtant, dans le cas d’espèce, c’est une catégorie en particulier qui attire toute mon attention ; celle des acteurs du système de soin.


Epuisés, en proie à un sentiment d’abandon de la part du Gouvernement auquel vous appartenez, ils ont fait entendre leur colère, raisonner leur détresse. A-t-elle été entendue ? Il serait de mauvaise foi d’avancer que non. Pourtant, davantage aurait dû être fait et nombreux sont ceux à se réclamer des oubliés du Ségur. C’est ainsi le cas de la Croix-Rouge française (CRf). Opérateur historique dans le domaine de la formation, la CRf compte pas moins de 108 établissements répartis dans 70 sites de formation sur l’ensemble du territoire national. Ses offres de formation dans les domaines sanitaires et sociaux couvrent à elles seules près de 12% des formations en soins infirmiers (IFSI), 11% des formations d’aides-soignants (IFAS) et 14% des formations d’assistants de service social (ASS). Filière dont l’excellence de l’apprentissage est mondialement reconnue, la CRf s’est toujours efforcée, - et s’efforce encore aujourd’hui -, à augmenter constamment tant le nombre que la qualité des personnes formées. C’est cette force qui lui permet de répondre présente dans toutes les régions de France à chaque fois qu’une crise survient. Et c’est aussi et surtout cette force qui a permis à la CRf de s’imposer comme pilier social, sanitaire et médico-social majeur durant la crise du Covid-19. Etant moi-même bénévole, je sais le dévouement, la volonté féroce et la détermination à faire de son mieux qui animent chacune et chacun de ses membres.


Cependant, et ce alors que la CRf répond autant qu’elle le peut aux demandes d’augmentation de quotas de formation pour les métiers en tension, la reconnaissance de la part de l’Etat tarde. En effet, si les accords du Ségur de juillet 2020 ont acté la revalorisation de la rémunération des agents travaillant dans le secteur public dont ceux des établissements de formation, les professionnels du secteur privé non lucratif sont quant à eux exclus. Pareille à une mauvaise élève mise au coin par son professeur, cette catégorie ne peut prétendre à cette attention accordée justement et légitimement par le Gouvernement.


Alertée par la CRf sur le risque d’apparition d’inégalités salariales qui peuvent en résulter, je vous sensibilise, à mon tour, aux conséquences non-négligeables qui sont à redouter. Depuis la mise en place des mesures du Ségur, la situation s’est considérablement tendue pour la CRf. Chaque jour, ce sont des départs de formateurs vers des établissements publics ; chaque jour, ce sont des difficultés supplémentaires et plus importantes pour assurer le recrutement nécessaire au bon fonctionnement de cette association. Trop de postes restent vacants alors que tant d’actions restent à mener en ces temps plus que troublés. A terme, la CRf ne sera plus en capacité d’agir efficacement et qualitativement tant dans ses missions du quotidien que dans la formation. Impuissante, elle ne pourra plus ni développer l’apprentissage, ni répondre comme elle l’a toujours fait aux quotas de formation. Enfin, et peut-être devrais-je dire surtout, cette cascade de conséquences impactera directement et inévitablement les usagers du système de santé.


Alors que la guerre fait rage en Ukraine, la CRf s’illustre une fois encore en apportant son soutien et son aide sur le terrain. Vous le constaterez, elle est de tous les combats et particulièrement de ceux qui se révèlent être les plus difficiles. Le verbe « abandonner » ne fait pas partie de son vocabulaire. Alors, je vous le demande, Monsieur le Ministre, ne les abandonnez pas.


Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma très haute considération.


ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP

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