Monsieur le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la République française,
Membre de la commission aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes au Sénat et du Haut-Conseil à l’Egalité, je ne peux qu’être profondément touchée et inquiète par la situation des femmes en Afghanistan.
Je sais que tous, membres du Gouvernement et parlementaires, sans esprit partisan, sommes sensibles au drame qui se déroule sur ce territoire.
Le 5 septembre 1791, Olympe de Gouges faisait connaître sa Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne. Pourtant, près de 230 années plus tard, les talibans viennent d’établir un décret abject à l’encontre des femmes. Non seulement contraire avec les règles constitutionnelles qui régissent nos sociétés démocratiques, il est en contradiction avec tout ce qui fonde la nature humaine. Dictature de l’esprit mais avant tout dictature du corps. Désormais, les étudiantes afghanes devront porter le voile intégral, quitter la classe avant que les étudiants n’arrivent, se trouvant reléguées dans des « salles d’attente ». Intolérables voire impensables, les conséquences de ce décret cristallisent et matérialisent véritablement le traitement barbare dont seront victimes les femmes à l’avenir.
Les expériences passées nous ont enseigné que la non-mixité des classes entrainait l’abandon de la scolarité pour une grande majorité des étudiantes. Recluses chez elle, privées de la jouissance de leur corps, cette dernière part de liberté essentielle que permet l’accès à l’éducation, la connaissance et l’esprit critique leur est dorénavant enlevée. Ce décret brise la condition déjà plus que fragile de ces femmes, emprisonnant les derniers reliquats de leur liberté d’expression.
Chaque jour, le Monde constate avec impuissance la montée en puissance de ces ennemis de la liberté. Chaque jour, l’obscurantisme étouffe un peu plus l’Afghanistan sous un voile épais.
Il m’est ainsi impossible de rester silencieuse, de me résoudre à attendre que l’Union européenne ou l’Organisation des Nations-Unies se saisissent de cette urgence en y apportant des réponses concrètes. Le temps est compté pour ces femmes qui n’ont plus comme seul horizon que n’être objet de violences et d’humiliations permanentes.
Il est nécessaire que la France agisse autant qu’elle le peut. Elle ne peut rester muette et passive.
Ne tremblons pas devant ces dictateurs qui, au nom d’une religion dont ils se prétendent les disciples, chaque jour se déshonorent un peu plus des véritables valeurs dont elle dispose. Continuons de défendre ce qui fondent notre grandeur en combattant ces agissements indignes au XXIème siècle. Pays des Lumières et des Droits de l’Homme, sachons éclairer les chemins vers la paix.
Ainsi, Monsieur le Ministre, je souhaite savoir ce que compte faire la France pour protéger les femmes afghanes et plus particulièrement les étudiantes.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération
ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP
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