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Crise étudiante : mon intervention au Sénat !


Intervention en séance le mercredi 10 février. Débat : " « Le fonctionnement des Universités en temps Covid et le malaise étudiant »


Monsieur le Président,

Madame la Ministre,

Chers collègues,

Concertation, Stabilité et Cohérence. Voilà ce que souhaitent les étudiants et la communauté enseignante, voilà ce dont a besoin l’Université !

Les efforts consentis par nos étudiants en cette période de crise sanitaire sont immenses. Ne connaissant que peu de formes graves de la Covid-19, ils sont soumis à des restrictions drastiques de leurs modes de vie, entraînant pour beaucoup une grande précarité.

D’innombrables témoignages illustrent cette détresse étudiante. À cela s’ajoute l’incertitude face à l’avenir.


Notre jeunesse, considérée comme inébranlable, montre aujourd’hui les stigmates d’un combat qu’elle ne peut supporter à elle seule.

Les récentes annonces du Président de la République, même si elles prennent en compte une partie des revendications, ne peuvent être considérées comme suffisantes. Ces mesures d’accompagnement ont été mises en œuvre en réaction à la crise étudiante. Et c’est ce manque d’anticipation qui plonge dans le désarroi des milliers de jeunes !

Rappelons l’action dynamique et concrète des collectivités. Je le constate notamment dans mon territoire. Région Sud, département des AM et communes, mobilisés de toutes leurs forces pour le bien-être des étudiants. La Métropole Nice Côte d’Azur présente en ce moment même de nouvelles actions. Le village de Gilette, quant à lui, organise une collecte pour leur venir en aide.

Sur le terrain, je dialogue régulièrement avec les étudiants et les membres de la communauté enseignante. Ces échanges m’ont amené à alerter rapidement le Gouvernement puis à proposer la demande de reprise, à hauteur de 50%, ainsi que l’accélération et la systématisation de l’offre de vaccination pour les volontaires.


L’Université passe avant tout par des interactions entre professeurs et étudiants. Couper ce lien c’est amoindrir cette envie que les étudiants ont de se lever tous les jours pour apprendre. Rétablir un rythme de travail à 50%, que les cours à distance ont tendance à diluer, permettra de sortir les étudiants de l’isolement et d’une solitude où s’érode jour après jour leur motivation.

Limiter à 20% le présentiel, ne permet pas de résoudre toutes les inégalités. Il faut poursuivre les efforts !

Étudiants en prépa, BTS et à l’Université ont les mêmes droits mais ne bénéficient pas des mêmes conditions garanties par l’État. Et c’est notamment cette différence de traitement qui suscite l’incompréhension.

En quoi ce brassage, serait différent ?

Je crois qu’il faut cesser cette infantilisation qui sacrifie cette génération.

Dorénavant, il ne s’agit plus seulement de corriger les erreurs du passé mais de ne pas les répéter. Cette pandémie nous oblige à repenser l’Université dans son ensemble et dans toute sa complexité. La crise a certes mis à nu des failles structurelles mais elle ne les a pas créées. En ce sens, saisissons-nous de cette opportunité pour les combler. L’urgence est absolue et nous devons investir sur le long terme.

- Il faut, à mon sens, renforcer le principe d’autonomie des Universités. Chaque composante présente une spécificité. Je pense par exemple à la filière STAPS. Ces particularités ne permettent pas aujourd’hui une application uniforme des mesures décidées par votre ministère. Il y a un vrai besoin de flexibilité !

- « Il faut de la cohérence, de la clarté et un cap » Ce ne sont pas mes mots, Madame la Ministre, mais ceux du chef de l’Etat. Deuxième enjeu donc, celui des incessantes variations réglementaires. Pour ne plus courir de manière erratique après la crise il faut cesser cette valse délétère de circulaires et présenter une stratégie de long terme. Il n’est plus possible qu’étudiants et enseignants n’aient pour seul gouvernail, l’inconstance. Cette exigence est rendue encore plus urgente par la menace d’un confinement.

- Il faut aussi admettre que la formation des étudiants en ressort dégradée. Il est donc impératif d’y remédier. Pour cela, il faut, non seulement préparer dès à présent la rentrée prochaine mais aussi réfléchir à un plan de restructuration de l’enseignement supérieur.

- Pour terminer, l’effet de masse lié aux très bons résultats obtenus en Licence, réinterroge les modalités de sélection à l’entrée en Master. Des pistes de réflexion existent. Les universitaires les tiennent à votre disposition.

La crise sanitaire possède le mérite de faire vaciller des certitudes établies, de questionner les discours dominants, de rappeler les décideurs à leur devoir d’humilité. Elle a vu aussi une remarquable mobilisation des établissements d’enseignement supérieur et de recherche pour assurer au pied levé, dans des conditions difficiles, la continuité de leurs missions académiques.

La France gagnerait à se réconcilier avec les acteurs de ses territoires en abandonnant ses tentations récurrentes de concentration afin d’accepter de promouvoir une différenciation.


Connaissance et reconnaissance vont de pair. C’est l’un des principaux défis des temps qui s’ouvre. Le chantier est immense !

Tout cela réclame ce qui a tant manqué jusqu’à présent : de l’anticipation, de la cohérence et des moyens à la hauteur de l’enjeu.

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