Courrier au Ministre de l'Economie et des Finances
La date du 15 décembre approche à grands pas, avec elle la mise en œuvre d’une nouvelle étape du déconfinement. Si nos concitoyens se réjouissent de pouvoir profiter, dans le respect des règles sanitaires prescrites, des fêtes de Noël et de fin d’année, nos restaurateurs sont quant à eux démoralisés. Loin de sous-estimer l’action du gouvernement pour soutenir ce secteur, il n’en demeure pas moins que les annonces du 11 décembre dernier ont anéanti leurs espoirs à peine nés. En effet, le couvre-feu, qui aurait dû desserrer l’étau autour de leurs finances, s’avère être une source de préoccupations supplémentaires. Le Ministère de l'Économie, des finances et de la relance a indiqué que la vente à emporter et le système de « click and collect » seraient interdits après 20 heures. Ces précisions, outre l’émotion compréhensible des professionnels, ont soulevé des interrogations sur lesquelles je souhaite vous alerter. Nonobstant les nombreuses aides décidées et actées par le gouvernement pour soutenir et sauvegarder le secteur de la restauration, des interrogations persistent. Premièrement, votre Ministère mène, avec raison et justesse, une politique ambitieuse de numérisation des commerces. Eu égard au drame économique occasionné par l’arrivée soudaine de la Covid-19, je soutiens assurément votre volonté d’en faire une priorité. Toutefois, les récentes annonces vont à l’encontre de ce projet en interdisant aux restaurateurs d’user de moyens numériques mis à leur disposition, sur incitation du gouvernement. La parole politique doit être claire, elle ne peut ainsi souffrir d’aucune contradiction, notamment lorsque les études démontrent que l’état psychique des français décroit chaque jour un peu plus... Deuxièmement, et c’est véritablement sur ce point que j’attire votre attention, ces nouvelles restrictions vont accroitre, peut-être malgré elles, les inégalités de territoires. Une première rupture d’égalité est constatée entre les restaurateurs qui emploient un ou des livreurs et les restaurateurs n’ayant pas ou plus cette capacité. Dans ce cas, seuls les premiers pourront continuer leur activité après 20 heures. Une seconde rupture d’égalité est observée entre les restaurateurs qui auront les moyens de recourir à une plateforme privée (UberEat, Deliveroo, etc.), donc d’engager des frais supplémentaires, et ceux qui, exsangues des deux confinements successifs, ne pourront pas le faire. Une troisième rupture d’égalité réside dans un enjeu ancien mais qui, par ces mesures, s’en trouve ravivé. Les zones rurales ou reculées ne sont pas couvertes par les plateformes privées, aussi et quand bien même les restaurateurs voudraient et pourraient y avoir recours, ils sont contraints de s’y refuser. En synthèse, si les restaurateurs souhaitent continuer leur activité après 20 heures, ils devront obligatoirement engager un livreur ou souscrire à une plateforme privée de livraison. Ce n’est pas acceptable car, en plus des éléments développés, il est admis que ces plateformes privilégient les grandes chaines de fast-food au détriment de la cuisine traditionnelle proposée par les restaurateurs locaux. Cette non-représentativité de nos restaurateurs laisse donc sceptique sur son efficacité et ne convainc ni la profession ni l’élue que je suis. Sans nul besoin de vous rappeler la situation catastrophique dans laquelle se trouve le secteur de la restauration, il est aujourd’hui impossible pour beaucoup de professionnels d’engager des frais supplémentaires à ceux dont ils ne peuvent déjà plus s’acquitter. Je souhaite ainsi rappeler mon soutien infaillible à nos restaurateurs et connaitre la stratégie du gouvernement pour remédier aux différentes inégalités susvisées.
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