Monsieur le Vice-amiral d’escadre, Préfet maritime de la Méditerranée,
Par ce courrier, je souhaite attirer votre attention sur la situation du cantonnement de pêche de Péquerolle.
Il y a quelques semaines, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Monsieur Denis Larroque, membre du Comité départemental de la Fédération Française d’Etudes et Sports Sous-Marins (FFESSM). Au cours de notre entretien, Monsieur Larroque m’a indiqué que l’accès à la zone de Péquerolle est à ce jour interdit aux plongeurs.
Ayant reçu délégation du Ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports et poursuivant ainsi une mission d’intérêt général, l’incompréhension règne au sein de la FFESSM. Une incompréhension que je partage et qui me pousse à vous écrire aujourd’hui.
Loin de l’image archaïque du plongeur-prédateur, les plongeurs du XXIème siècle sont de véritables sentinelles des mers. Outre le fait d’être des acteurs socio-économiques importants, ils ont contribué à une meilleure connaissance et donc conservation du monde sous-marin. Membre notamment du Comité français de l’Union internationale de protection de la nature (UICN) depuis 2015, la FFESSM s’implique quotidiennement dans la protection du milieu naturel méditerranéen. Appliquant scrupuleusement les législations en vigueur, elle s’est engagée depuis de nombreuses années à ne pratiquer aucun prélèvement et à ne pas perturber la faune marine en tentant de toucher les animaux en présence.
Par ailleurs, Monsieur Larroque a soulevé le fait que les cantonnements interdits sont des zones dites « aveugles » c’est-à-dire qu’elles ne font l’objet d’aucune surveillance des autorités. Ainsi, le suivi de la masse halieutique n’est pas effectué et les incivilités ou les actes de braconnage ne sont pas relevés. La FFESSM pourrait alors s’avérer être un allié de choix et un partenaire de qualité. S’investissant dans plusieurs réseaux de surveillance du milieu marin en lien étroit avec les collectivités, la Fédération se dit naturellement prête à apporter sa contribution en opérant une surveillance de la zone et en effectuant des opérations de recensement et de comptage des espèces. Forte de son expérience en la matière de plus de dix ans, la FFESSM suit régulièrement des espèces telles que la grande nacre, le mérou, le corb ou encore l’herbier de posidonie dans divers endroits du littoral. Ses plongeurs sentinelles signalent également les espèces marines exotiques envahissantes qui sont particulièrement nocives pour la faune et la flore locale.
Monsieur le Vice-amiral d’escadre, nos plongeurs professionnels sont loin d’être des ennemis de la biodiversité marine. Aussi bien l’Etat que la communauté scientifique ont besoin d’eux afin de préserver au mieux le milieu aquatique méditerranéen. Les pêcheurs professionnels locaux eux-mêmes - la Prud’homie des pêcheurs d’Antibes et le Comité départemental des pêcheurs maritimes et des élevages marins des Alpes-Maritimes -, pourtant à l’origine de la création de cet espace protégé, se disent être plus que favorables à ce que les plongeurs continuent de pratiquer leur activité dans le cantonnement.
Convaincue de l’intérêt de laisser la FFESSM accéder à la zone de Péquerolle, une concertation avec les acteurs concernés semble une option que je vous prie d’envisager. Cette dernière permettrait sans aucun doute d’aboutir à une décision consensuelle permettant une définition du tracé des zones et la mise en place de mesures préventives à observer, cette fois acceptées par tous.
Comptant sur votre soutien, je vous prie de croire, Monsieur le Vice-amiral d’escadre, Préfet maritime de la Méditerranée, en ma haute considération.
ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP
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