Quel que soit notre parcours de vie, nous avons tous connu un professeur qui a marqué notre existence. Qu’il nous ait donné le goût des mathématiques, l’amour de la langue française, l’envie dévorante d’être curieux et d’interroger les grands enjeux de notre société, il demeure en nous encore à l’âge adulte.
La craie sur le tableau noir puis le feutre sur le tableau blanc. Il effaçait énergiquement les traits de ses cours précédents pour recommencer parfois le même mais avec une passion toujours intacte. Ce professeur qui s’avérait parfois devenir un mentor donnait l’impression qu’il n’y avait pas de métier plus beau, plus satisfaisant que celui d’apprendre aux plus jeunes. Celui de transmettre à tous, sans distinction aucune, l’exigence de comprendre et de développer un esprit critique émancipateur.
Parce qu’il était libre, tant dans sa parole que dans ses pensées, nous nous sentions libres de l’interroger avec le plus grand respect, celui que l’on doit naturellement à ses ainés. Premiers héritiers des Lumières, lien privilégié avec le Savoir, le Professeur était aimé de tous quand bien même l’approche des évaluations pouvait parfois rendre certaines heures de cours un tant soit peu angoissantes.
Et puis il y a eu un tournant irréversible. Il y a eu le meurtre barbare de Samuel Paty par des islamistes. Mais tout avait commencé bien avant. Au moment même où tous ensemble, politiques en première ligne, nous avons toléré que certains élèves, au fondement d’une interprétation radicale de leur religion, puissent venir entacher la Liberté, remettre en cause la Science et manquer de respect à la profession et à ses représentants.
Ce moment même où sous couvert de bonnes intentions, nous avons laissé l’enfer de l’obscurantisme pénétrer nos salles de classes. Par lâcheté ou peur des répercussions, nous avons cessé de les protéger et de chérir ce devoir de transmission si important pour construire des citoyens dignes de ce nom.
Pire, nous les avons livré en pâture en les désavouant lorsqu’ils dénonçaient pourtant d’ores et déjà les dérives d’une partie toujours plus significative de leurs élèves.
Ils ont parlé, personne n’a souhaité les entendre. Ils ont décrié, personne n’a voulu les écouter.
Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Des morts, des blessés et des déçus. Il y a les agressions à leur encontre qui se transforment dorénavant en simples « faits divers ». Il y a les angoisses qui ne devraient jamais exister mais dont on leur explique qu’elles feront désormais partie intégrante de leur carrière s’ils persistent malgré tout à vouloir enseigner.
Alors, il y a ceux qui restent tout en préférant se censurer. Il y a ceux qui s’y refusent mais qui doivent en contrepartie faire face à des menaces de mort au gré de « on va te décapiter au nom de Allah » ou encore « on va t’arracher les yeux ». Puis il y a ceux qui partent et comment pourrait-on ne pas les comprendre, ne pas penser que nous ferions sûrement la même chose à leur place.
La protection de la communauté éducative doit faire l’objet de la plus grande attention et être une priorité sur laquelle aucune transigeance ne peut exister.
Agresser un professeur, c’est attaquer la société française dans son entièreté. Les slogans et les marches blanches ne peuvent plus suffire, il est impératif de faire passer un message fort et surtout très clair aux jeunes ennemis de notre République libre et laïque : aucune religion, aucun Dieu ne peut justifier que l’on s’en prenne aux valeurs et principes qui fondent notre cohésion nationale, qui consolident notre cohésion sociale.
Les données fournies par les diverses enquêtes, sondages ou rapports parlementaires font état d’une seule et même conclusion ; de plus en plus d’élèves placent leur religion au-dessus des faits historiques et scientifiques. Il est grand temps d’endiguer ce phénomène en prenant les mesures qui s’imposent.
Ayant déjà conscience de l’ampleur de ce fléau, Les Républicains ont porté des mesures concrètes qui, si elles étaient pleinement appliquées, permettraient de sanctionner réellement les auteurs. Ainsi, rendre systématique les poursuites de tous les faits d’agression ou d’outrage et restaurer les peines planchers lorsque l’agresseur est un parent d’élève sont des impératifs dont nous ne pouvons plus faire fi. Enfin et dans la droite ligne des propositions de la Commission d’enquête du Sénat relative à cet enjeu, les sénateurs Les Républicains plaident pour la création d’une mission d’information visant à recenser les atteintes à la Laïcité auxquelles nos professeurs sont chaque jour un peu plus confrontés. Enseigner ne peut se faire au péril de sa vie. Mobilisons-nous tous ensemble pour mettre fin à l’impunité !
ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP
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